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Entretien Ouest France « Les jeunes manquent d’éducation sportive »

Entretien Ouest France 11/07/2012

 

Pour la première fois, une étude recense l’ensemble des violences et incivilités dans le milieu sportif, de 2005 à 2011. Les infractions, en hausse sur la période, sont à 85 % des atteintes aux personnes. Lionel Maltese, enseignant-chercheur en management du sport à Euromed Management (Marseille) revient à la source de ces violences.

 

Le nombre d’infractions, essentiellement des violences volontaires, a augmenté de 22 % entre 2006 et 2009. Comment expliquer ce chiffre inquiétant ?

Lionel Maltese : Equipe de France de tennis, de football ou de handball, toutes ont été confrontées à des problèmes de violence entre joueurs ou envers les arbitres ces dernières années. On se souvient tous du coup de tête donné par Zidane à Materazzi lors de la coupe du monde de 2006. Mais je pense qu’il serait trop facile de s’en tenir à cette problématique d’exemplarité. Pour moi, la source des violences se trouve dans le manque d’éducation sportive. Passée l’adolescence, les jeunes n’ont plus le temps de pratiquer en club. Or c’est là qu’ils apprennent les valeurs de respect du sport et la vie en groupe. Les actes de violence proviennent d’ailleurs en majorité de personnes isolées.

Est-ce la seule raison ?

La violence est de plus en plus importante car les enjeux financiers le sont aussi. Aujourd’hui le niveau dans le milieu sportif est élevé, même au niveau amateur. La compétition entraîne une violence qui doit être maîtrisée par l’arbitrage mais il devient difficile de trouver des personnes qui acceptent de le faire. Le rapport montre en effet que les arbitres représentent 42 % des victimes recensées au cours de la saison 2010-2011.

Je pense également que la forte médiatisation du sport « people » en France n’arrange pas les choses. Chabal cassant une mâchoire ou Anelka insultant Domenech intéressent plus les spectateurs que le sport en lui-même. La partie tabloïd a pris le pas sur le fond et cette médiatisation négative stimule la violence.

Entre 2009 et 2010, les infractions ont malgré tout diminué de 13 %…

Il y a eu une prise de conscience du phénomène par les acteurs du monde du sport, ainsi que par la justice. Dans le tennis par exemple, l’arbitrage est devenu obligatoire depuis 2009, du pré-national au national. De l’argent a été injecté dans l’arbitrage du football et des commissions de discipline se mettent peu à peu en place pour exclure les sportifs. Enfin, le financement des collectivités territoriales a évolué. Les ressources ont diminué, entraînant des critères d’attribution supplémentaires. Les programmes pour limiter les problèmes de sécurité en font désormais partie.

La violence est souvent associée au football. Est-elle présente dans les autres sports ?

Oui. Dans le rugby ou le tennis, la violence existe entre joueurs, équipes et envers les arbitres.. Mais les atteintes aux personnes ne touchent pas encore les supporters, contrairement au football. Paradoxalement, ce sont dans les sports violents comme les arts martiaux qu’il y a le plus de respect. La violence se fait sur le terrain mais pas en dehors car les pratiquants seraient aussitôt exclus. Il faut appliquer le même système dans le milieu footballistique. En Espagne par exemple, les joueurs du club du Barça sont blacklistés dès le moindre acte de violence, peu importe leur niveau.

Propos recueillis par Sophie PAMS



17/08/2012
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